Cimetière du Nord

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Emmanuel DESGRÉES du LOÛ

1867-1933

Journaliste et Patron de presse
Cimetière du Nord
Section 2 Rang 25 Tombe 9

La famille Desgrées du Loû, d'origine bretonne, est issue de la noblesse française et remonte très probablement à un écuyer de Bertrand Du Guesclin

Emmanuel Desgrées du Loû est né à Vannes le 22/02/1867. Il est l'un des fils d'Henri (capitaine au 12ème régiment de dragons et un héros de la bataille de Forbach contre les prussiens en 1870) et de Philomène Gobbé de la Gaudinais. Il fait des études de droit, puis sans doute influencé par la carrière militaire de son père et de ses frères, entre au commissariat de la Marine, où il est élève-commissaire en 1889 puis aide-commissaire en 1891. Il démissionne de ses fonctions un an plus tard, pour s'installer comme avocat à Brest et se consacrer plus particulièrement à l'action sociale et religieuse. Emmanuel Desgrées du Loû est en effet un homme de conviction, il s'implique énormément en faveur du Ralliement (catholiques français qui souhaitent se rallier aux institutions républicaines après 1892, sans pour autant accepter l'hostilité de cette République envers le catholicisme). À cette époque, se développe en effet un fort mouvement de démocratie chrétienne, porté notamment par des abbés démocrates tels l'abbé Trochu ou l'abbé Crublet, qu'Emmanuel va justement rencontrer lors de leur voyage à Brest, pour commencer à développer avec eux des oeuvres sociales tels des syndicats agricoles et des caisses rurales. Les prêtres lui proposent également de prendre la direction de leurs journaux qu'ils ont lancés dans leurs diverses paroisses en Ille et Vilaine. Emmanuel Desgrées du Loû arrive donc à Rennes le 11 juillet 1897 et devient directeur de différents hebdomadaires : L'Écho de l'Ouest, l'Écho de la Mer, le Dolois... Avec l'abbé Trochu, une idée émerge : il faut profiter de la position centrale de Rennes pour créer un quotidien régional ayant plus d'impact sur la Bretagne, mais également plus de visibilité sur Paris et la France. Le nom du journal est déjà choisi depuis 1892 : ce sera L'Ouest Éclair !

Afin de parvenir à financer ce projet, chacun oeuvre : l'abbé Trochu va surtout rencontrer ses contacts influents pour leur demander une aide financière, tandis que Desgrées du Loû, devenu membre du comité directeur de la Démocratie Chrétienne depuis 1898, va sillonner le Finistère, les Côtes du Nord et le Morbihan, allant de presbytères en presbytères pour présenter le projet et recueillir des souscriptions.

Avec l'argent récolté, le premier numéro de L'Ouest Éclair, journal d' " information politique, littéraire et commerciale " sort à Rennes le 2 août 1899. Desgrées du Loû est nommé directeur et rédacteur en chef. Dans son éditorial, il indique que l'objectif du quotidien est de promouvoir une justice sociale et la paix religieuse. En cette période de vive tension avec le deuxième procès de l'affaire Dreyfus, ce n'est pas chose aisée. L'équipe va notamment faire en sorte de ne pas prendre parti dans ces diverses agitations et de ne pas influencer les lecteurs. En parallèle, Emmanuel Desgrées du Loû publiera des ouvrages : " De Léon XIII au Sillon " (1908) et " La Politique d'Après-Guerre " (1919).

En 1914, la guerre éclate et Emmanuel Desgrées du Loû est mobilisé à Brest. Il continuera d'écrire pour le journal des articles qu'il signe sous le pseudonyme " Saint-Léry ".

C'est réellement après la Première Guerre Mondiale que les ventes de L'Ouest Éclair décollent, le quotidien devenant le premier journal de presse régionale. Emmanuel Desgrées du Loû reprend ses fonctions à la tête du quotidien, et poursuit également son engagement politique : en 1924, il devient vice-président du Parti Démocrate Populaire. Puis des tensions l'éloignent de l'abbé Trochu, dont les opinions politiques divergent. Les deux hommes finiront par ne plus s'entendre du tout.

À la tête du journal (qui deviendra Ouest-France après la Seconde Guerre Mondiale), Emmanuel Desgrées du Lou va progressivement associer ses enfants François et Madeleine (deux des enfants qu'il eut avec son épouse Jeanne Hamono, fille du président du Tribunal Civil de Brest), ainsi que son gendre Paul Hutin, qui reprendront la direction après son décès, en 1933. Le journal, qui gagnera en importance, restera une affaire familiale.