Cimetière de l'Est

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Marcel BOUGET

 - © archives privées Michel Bouget

1918-1944

Résistant
Cimetière de l'Est
Section 19C Rang 2 Tombe 8

Marcel, Jules, Constant Bouget est né le 26 septembre 1918 à Saint Aubin d'Aubigné. Comme il est bon élève, ses parents Jules et Victorine lui paient une formation militaire à l'École des Enfants de troupe des Andelys, dans l'Eure. Sans doute influencé par cette expérience, il s'engage volontaire dans l'armée française en 1937. Alors que la France entre en guerre contre Hitler en septembre 1939, il est Caporal. Comme bien d'autres, Marcel Bouget sera capturé par l'ennemi et fait prisonnier, à Meaux, en 1940. En septembre de la même année, il parvient à s'évader et se réfugie à Rennes, chez sa fiancée Marguerite qui vit quai Émile Zola. Bientôt, il est démobilisé, donc libre, épouse Marguerite à la mairie de Rennes, quelques mois avant la naissance de leur fils Michel.

En octobre 1940, Marcel Bouget se fait embaucher aux Ponts et Chaussées de Rennes. La famille s'installe alors rue Docteur Regnault, puis afin de fuir les bombardements qui détruisent la ville, s'installe en juin 1942 à La Mézière, au village de la Beuzonnais. En août 1942, il devient comptable à la Direction du Ravitaillement Général de Rennes et sachant sa femme et son fils à l'abri, prend désormais part à la Résistance contre l'occupant. Il s'engage dans le mouvement Armée Secrète - Libération Nord, et devient même responsable d'une section, dans le secteur Redon-Guipry. Comme ses camarades, il se livre à des sabotages, des attaques de prison, et prend sous sa responsabilité un dépôt d'armés à Redon dès décembre 1943.

Marcel Bouget avait plusieurs identités pour se protéger lors de ses missions, mais il gardait toujours les mêmes initiales : M et B. C'est ainsi que le soir du 24 mai 1944, en se rendant avec son agent Albert Briand à Giupry pour une nouvelle mission, il a sur lui des papiers d'identité au nom de Martial Bernier.

Les deux hommes trouvent refuge chez Paulette Spitzer qui vit au port de Guipry, rue des Gabelous, pour la nuit du 24 au 25 mai 1944. Cette femme, épouse d'un médecin juif qui a dû fuir à Paris pour se cacher, vit avec sa fille et aide tant qu'elle le peut les résistants des environs de Guipry et de Rennes. Mais ce soir-là, Albert Briand et Marcel Bouget auraient été dénoncés, leur présence chez Madame Spitzer révélée aux nazis. C'est ainsi que cinq hommes de la police allemande viennent les arrêter. Mais les deux hommes ne se laissent pas faire, et parviennent à s'échapper, se cachant sur le toit de la maison. Les allemands les recherchent dans toute la maison ; ils restent introuvables, et la police quitte la maison et s'apprête à repartir.

Malheureusement, ce serait à ce moment qu'un des deux résistants sur le toit aurait perdu l'équilibre, de même qu'une chaussure, dont le bruit de la chute alerta les allemands, qui levant les yeux les virent au niveau de la tête de cheminée. Très vite encerclés par l'ennemi, Albert et Marcel doivent prendre une rapide décision : soit ils se rendent vivants, au risque de divulguer sous la torture des informations précieuses sur leur groupe de résistance et leurs actions, soit ils se tuent, maintenant. La décision est rapide ; Michel Bouget, revolver à la main, tue son ami Albert Bouget, avant de se tirer lui-même aussitôt une balle dans la tête.

Paulette Spitzer sera arrêtée cette même nuit, puis déportée en Allemagne. Elle reviendra à Guipry aux lendemains de la Libération. Quant à Marcel Bouget et Albert Briand, ils recevront des funérailles officielles en 1945 en l'église Saint Germain de Rennes, avec les honneurs militaires, avant que leurs corps ne soient inhumés au cimetière de l'Est. En 1970, un monument sera érigé en mémoire de ce tragique évènement au port de Guipry. Et en 1984, un square au nom de Marcel Bouget sera inauguré à Rennes, dans le quartier des Longs Champs. Il est également titulaire, à titre posthume, d'une citation à l'Ordre de l'Armée, comportant attribution de la Croix de Guerre avec Palme, de la médaille militaire décernée par le Général De Gaulle en décembre 1945, ainsi que la médaille de la Résistance avec Croix de Lorraine.