Section 19C Rang 3b Tombe 1

Cimetière de l'Est

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Charles TILLON

1897-1993

Résistant
Cimetière de l'Est
Section 19C Rang 3b Tombe 1

Ministre de l'Air et de l'Armement (1944-1946)
Ministre de la reconstruction et de l'urbanisme (1947)

Grande figure de la Résistance mais aussi du Parti communiste Français, Charles Tillon, fut également le protecteur de la mémoire des Francs-Tireurs-Partisans à travers plusieurs écrits. Commandeur de la Légion d'Honneur, détendeur de la Rosette de la Résistance et de la Médaille de la Liberté, cet homme politique insoumis a combattu pour ses idées jusqu'à son dernier souffle, n'hésitant pas à se mettre à dos sa famille politique quand il n'était pas d'accord, se voulant libre par-dessus tout.
Sa dépouille repose aujourd'hui en face du Monument à la Mémoire des Résistants au Cimetière de l'Est

Charles Tillon est né à Rennes le 3 juillet 1897, dans un milieu populaire : son père travaille pour les Tramways d'Ille et Vilaine et sa mère est à l'époque employée de maison. Jusqu'à ses 7 ans, il vit chez sa grand-mère paternelle à Saint-Grégoire. Il retourne auprès de sa mère quand celle-ci ouvre un café à Rennes, en bas de la place des lices. Avec son père syndicaliste révolutionnaire, il grandit dans un environnement combattant.

Après un certificat d'études, Charles Tillon rentre en apprentissage de métallurgie à l'École professionnelle de Rennes. Il devient ensuite ajusteur à l'Arsenal de Brest en 1914. Deux ans plus tard, au coeur de la guerre, il s'engage dans la marine et embarque comme matelot mécanicien sur le croiseur " Le Guichen ". Il y est à l'initiative d'une mutinerie en 1919, alors que le bateau mouille sur les côtes grecques. Il s'insurge contre la dureté du commandant et pousse l'équipage à se rebeller à ne pas obéir aux ordres donnés. Cette action lui vaudra une peine de 5 ans de bagne au Maroc. Mais Charles Tillon sera rapatrié un an après seulement, pour raisons de santé.

De retour en France, il trouve du travail à Nantes, et adhère en 1921 au Parti Communiste Français (qui se nomme à l'origine Section Française de l'Internationale Communiste).  

Puis il monte à Paris. En 1931, il est envoyé faire son premier séjour à Moscou, et en 1932 il rejoint le comité central du PCF. Lors de l'avènement du Front Populaire, en 1936, il est nommé député d'Aubervilliers.

En avril 1939, il est envoyé en Espagne pour une mission internationale : organiser le rapatriement des républicains espagnols. La mission échoue, Tillon est alors arrêté par les franquistes, mais sera libéré rapidement.

En France, à la signature du pacte germano-soviétique en août 1939, le PCF est déclaré interdit. Il reste un communiste affirmé et préfère entrer dans la clandestinité. Il devient l'un des 4 instructeurs régionaux chargé de réorganiser la clandestinité en France.

À Bordeaux, le 17 juin 1940, après avoir écouté à la radio le discours du maréchal Pétain destiné à faire cesser le combat, Charles Tillon lance à son tour un appel à la résistance contre l'ennemi nazi, à la lutte. Il veut rallier les communistes pour combattre l'occupant fasciste et libérer le pays

Le 18 juillet suivant, il écrit un long manifeste : " L'ordre nouveau du gouvernement de la 5ème colonne, c'est le fascisme hitlérien ", dans lequel il appelle à une mobilisation massive contre l'oppresseur. Il ne sait pas qu'au même moment, deux grandes figures du PCF, Jacques Duclos et Maurice Tréand, négocient avec les allemands pour que le journal " L'Humanité " puisse reparaitre.

Charles Tillon continue son action. Il est d'ailleurs chargé d'organiser le PCF dans le sud de la France avec trois autres personnes. Mais dès l'automne 1940, on le convoque à Paris, pour former avec Jacques Duclos et Benoit Frachon le Triumvirat du Parti de l'Intérieur. Leur première réunion se tient en mars 1941. Ensemble, ils décident d'organiser la lutte armée. Tillon recrute des volontaires pour se battre, puis lance le CMN (Comité Militaire National), dont l'objectif est de créer un réseau sur tout le territoire français, en entrant en contact avec de nombreux groupes de résistants.

Les militants volontaires recrutés par Tillon et d'autres communistes prennent, au début de l'année 1942, le nom de " Francs-Tireurs Partisans " (FTP). Avec le journal qu'il conçoit nommé " France d'Abord ", il raconte les actions de ces combattants, publie également des mots d'ordre. Les FTP gagnent en nombre et en influence, c'est toute une armée qui s'organise.

Quelques jours avant la Libération de Paris, soit le 10 aout 1944, Tillon lance un appel au Soulèvement de Paris, une demande que beaucoup suivirent.

A la Libération, Charles Tillon est réélu député-maire d'Aubervilliers. Puis il devient ministre de l'Air, puis de l'Armement, puis de la Reconstruction et de l'Urbanisme, de septembre 1944 jusqu'au départ des communistes du gouvernement en mai 1947. Dans ses ministères, il s'est naturellement entourée d'anciens FTP, et crée plus tard l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance.

Avec le temps, Charles Tillon prend quelques distances avec son parti, il est critiqué et accusé de déviationnisme. En 1952, il est écarté de la direction du parti et décide alors de partir pour les Alpes de Haute Provence. Il y reste 10 ans et rédige, entre autres, " Histoire des Francs-Tireurs Partisans " en 1962.

Mais Il finit par ressurgir en 1968, lors du Printemps de Prague. Charles Tillon défend les tchécoslovaques contre Brejnev. À ce moment, une profonde rupture entre lui et le PCF a lieu.

En 1970, avec d'autres personnalités, il signe le manifeste " Il n'est plus possible de se taire ! ", dénonçant les pratiques staliniennes du Parti Communiste Français. À la télévision, il va jusqu'à dénoncer l'attitude de Georges Marchais, premier secrétaire, qu'il accuse d'être allé travailler volontairement en Allemagne pendant la guerre. Lui et son épouse Raymonde sont exclus du parti. Il décide, comme toujours, d'utiliser la plume pour se faire entendre, et écrit " Les Procès de Moscou à Paris ", dans lequel il revient sur les raisons de son éloignement de la scène politique en 1952.

En 1975, il revient vivre dans la région rennaise, à la Bouëxière. Il y écrit un nouvel ouvrage : " On chantait rouge " puis " Le Laboureur et la République ". À la fin de sa vie, il préside une fondation d'une amicale des anciens FTPF.

Charles Tillon décède à Marseille le 13/01/1993, et sera honoré par des obsèques nationales.

. La ville de Rennes lui rend hommage en 1994; elle rebaptise l'avenue Ille de France en avenue Charles Tillon. En 2007, le lycée professionnel Laennec Robidou change de nom et devient le lycée professionnel Charles Tillon.  

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