Cimetière de l'Est
Robert CHEVRIER
1919-1942
Résistant
Cimetière de l'Est
Section 19C Rang 2 Tombe 1
Surnommé Bob, Robert Chevrier est né à Rennes le 24 octobre 1919. Il est ajusteur à la SNCF. En septembre 1939 quand la guerre est déclarée, il est mobilisé, et ne reprendra son poste aux ateliers de la SCNF qu'une fois la capitulation de la France signée.
En septembre 1940, il entre dans la Résistance rennaise, puis est rapidement muté à Rouen en tant qu'ajusteur aux Ateliers des Quatre Mares. Là-bas, il participe à de nombreux sabotages visant l'occupant. D'abord membre de l'armée clandestine du Parti Communiste, l'OS (l'Organisation Spéciale), il devient FTPF : Franc-Tireur et Partisan Français, fin 1941, et participe à la mise en place et l'organisation de ce mouvement. Très actif, on sait qu'il fabrique des bombes, qu'il participe à un attentat contre une libraire de propagande nazie de Rouen, ou encore à l'attaque armée d'une patrouille allemande. Il aurait aussi exécuté deux agents de la Gestapo.
Le 9 janvier 1942 vers 22h, rue de la Chaine à Rouen, il blesse le soldat Otto Humel lors d'un contrôle d'identité, et parvient à s'enfuir sans être blessé par la sentinelle allemande qui lui tire dessus.
Le 24 avril 1942 vers 22h15, il était à vélo avec un camarade, rue Crevier. Il s'y retrouve nez-à-nez avec le marin Georges Leitner qui raccompagne sa petite amie. Robert Chevrier lui tire dessus, et s'enfuie avec son camarade, laissant derrière lui sa bicyclette et son revolver automatique Omega.
Les allemands vont tout faire pour retrouver les deux agresseurs : barrages, fouilles, interdiction d'utiliser des bicyclettes dans certains quartiers de Rouen, envoi d'une famille en déportation. Ils finissent même par déclarer que "5 communistes et autres personnes adhérents aux milieux de ces assassins seront fusillés, et 500 déportés dans un camp de travail à l'Est, si les assassins ne sont pas arrêtés avant le 5 mai 1942 au soir". Le vélo et le revolver sont exposés dans une vitrine rue Jeanne d'Arc et des policiers habillés en civil épient les réactions des passants, à la recherche d'un indice qui pourrait trahir les résistants. Rien n'y fait.
Mais le 23 juin 1942, Robert Chevrier est arrêté alors qu'il tente de voler une bicyclette à un agent des PTT, et est conduit au poste de police française. Questionné, il finit par avouer être l'auteur de l'attaque du 24 avril, et est alors livré aux allemands. Il est aussitôt incarcéré à la prison de Sotteville-lès-Rouen, où il est torturé, puis condamné à mort pour "terrorisme" le 1er juillet 1942. Il sera fusillé le 18 septembre suivant, à Grand Quevilly.
Plus tard, quand une enquête sera initiée pour attester du rôle de Robert Chevrier au sein de la Résistance française, on écrira de lui : "Jeune patriote actif, il a toujours fait preuve d'un courage exemplaire". Il recevra à titre posthume le grande de Sous-Lieutenant dans les Forces Françaises de l'Intérieur en raison de ses actes. Ses parents rapatrieront sa dépouille à Rennes quelques années plus tard.
Pour honorer ce combattant de l'ombre, la ville de Rennes décidera d'attribuer son nom à une rue de la ville, à partir de 1957.