La "Balade intemporelle"
Initiation à la symbolique funéraire
Les cimetières sont riches de symboles permettant aux vivants de glorifier la mémoire des défunts pour l'éternité. Ils donnent ainsi des indications sur leur existence passée. Très nombreux, ces symboles renvoient pour la plupart à l'immortalité. Ils sont également très liés à la confession du défunt.
Tout en parcourant la Balade Intemporelle, partez à la découverte de ces symboles.
L’étoile
Symbole d'espérance, l'étoile représente la lumière dans la nuit qui guide le défunt par-delà la mort. Elle incarne également l'Esprit voire la personne savante et cultivée. L'étoile de David, à six branches, est souvent présente sur les sépultures judaïques.
L’alpha, l’oméga et le chrisme
L'alpha () et l'oméga () première et dernière lettre de l'alphabet grec, représentent la vie, de la naissance à la mort.
Le chrisme est un signe formé des deux premières lettres du mot Christ en grec : X (chi) et P (rhô). Seul, il est considéré comme le monogramme du fils de Dieu. Associé à l’alpha et l’oméga, il signifie que le Christ est à l’origine et à la fin de toute chose.
Le sablier ailé
Le sablier ailé peut être interprété de différentes manières. Attribut de Chronos, Dieu du temps dans la mythologie grecque, il évoque la vie terrestre qui s’est écoulée et qui est alors emportée par les anges (les ailes), symbolisant de ce fait le passage de la vie à la mort, et l’envol de l’âme au Paradis.
IHS (ou JSH)
Initiales fréquemment gravées en haut d’une croix sur des sépultures de confession catholique. Il s'agit de l’abréviation du latin : « Iesus Hominum Salvator », signifiant : « Jésus Sauveur des Hommes ». En Bretagne, IHS est parfois supplanté par JHS, car on y verrait les initiales du breton : « Jezuz Hor Salver », qui se traduit par : « Jésus Notre Sauveur ».
La couronne mortuaire
Signe de consécration, de victoire et de récompense, la couronne mortuaire apposée sur une tombe rend hommage, glorifie le défunt et ses actes passés. Par sa forme circulaire, elle est la promesse d’une vie qui ne cessera jamais. Mais elle peut aussi évoquer la couronne d’épines du Christ.
La colonne brisée
La colonne, élément très prisé de l’architecture néoclassique, orne le plus souvent les sépultures du XIXème siècle et du début du XXème. La colonne brisée (ou tronquée) représente la vie qui s’est arrêtée brutalement, ou trop tôt. On la
retrouve surtout sur les tombes de jeunes hommes décédés en pleine force de l’âge (généralement avant 40 ans).
De Profundis
Premiers mots du Psaume 130 (Livre des Psaumes dans la Bible) : « De profundis clamavi ad te Domine » (« Des profondeurs je t’invoque Seigneur »). Il s’agit d’une prière pour les morts récitée durant la cérémonie d’obsèques. « De Profundis » apparait très souvent gravé sur les sépultures anciennes.
Les végétaux
L'ACACIA : signe de résurrection et d'immortalité.
LA FEUILLE D’ACANTHE : élément le plus significatif de l’ordre corinthien, le style architectural favori de la Rome antique. On la retrouve alors sur les sépultures néoclassiques. La feuille d’acanthe est également symbole des architectes.
LE CHÊNE : symbole de vie éternelle.
LE CHRYSANTHÈME : évoque l’éternité (car réputé pour résister au gel), on l'appelle aussi la marguerite des morts.
L'IF : incarne l'immortalité depuis l'antiquité.
L'IMMORTELLE : utilisée pour la construction de bouquets secs et de couronnes mortuaires. Appréciée pour sa pérennité, c'est une promesse d'éternité
LE LAURIER : renvoie à la gloire éternelle.
LE LIERRE : au feuillage persistant, symbolise l'attachement et la vie éternelle.
LE LYS : représente la pureté, l'innocence.
LA PALME : synonyme de victoire et des honneurs (on la retrouve très souvent sur les tombes de militaires).
LE PAVOT : de cette fleur provient l'opium ; ainsi, le pavot symbolise le sommeil éternel.
LA PENSÉE : incarne le souvenir d'un être cher. Elle est parfois liée aux libres penseurs.
LA ROSE : elle représente la beauté, la fragilité, et symbolise l'amour.
L'ange
Dans la tradition catholique, l’ange est le messager de Dieu et accompagne l’âme du défunt aux cieux.
Quand il ouvre les bras en direction du sol, il accueille le défunt et le protège. S’il a les mains jointes, il prie pour lui, et lorsqu’il pleure, il exprime le deuil. Parfois, l’ange est représenté déposant une fleur sur la sépulture : il s’agit d’un geste d’amour envers le défunt. Et quand il joue de la trompe, il annonce le Jugement Dernier et la Résurrection. L’angelot, de par ses traits enfantins, est souvent privilégié pour les sépultures des plus petits.
Le flambeau retourné
Quand on retourne un flambeau, sa flamme s’éteint, par manque d’oxygène. Ce symbole est synonyme de mort, de la vie qui quitte l’enveloppe corporelle. À l’inverse, le flambeau droit et la flamme qui jaillit représentent la lumière et la promesse d’une vie nouvelle.
INRI
Acronyme de « Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum » qui signifie « Jésus de Nazareth Roi des Juifs ». Ces quatre lettres apparaissent très souvent dans un phylactère, en haut de la croix du Christ. Cet élément rappelle un passage biblique où il est écrit que les romains avaient gravé « INRI » sur un écriteau fixé sur la croix destinée à Jésus.
Le casque
Un casque militaire est souvent apposé sur la tombe d’un soldat mort pendant la guerre ou d’un ancien combattant. Représentant très souvent le casque Adrian, casque militaire des poilus, ce symbole est généralement associé aux soldats français de la Première Guerre Mondiale.
7bre, 8bre, 9bre, Xbre
Ces chiffres gravés sur les sépultures, suivis des lettres« bre », évoquent des mois de l’année en abrégé.
- 7bre = Septembre
- 8bre = Octobre
- 9bre = Novembre
- Xbre = Décembre
RIP
L’expression latine « Requiesca(n)t In Pace », que l’on peut également lire sous l’abréviation « RIP », signifie :
« Qu’il(s) repose(nt) en paix ». RIP traduit également l’expression anglaise : « Rest In Peace ».
L’urne
Depuis l’Antiquité l’urne, ou vase funéraire, est utilisée pour recueillir les cendres du défunt après sa crémation.
Certaines urnes sculptées sur des sépultures ne contiennent pas de cendres mais symbolisent la mort. Surmontées d’un drap funéraire elles évoquent plus particulièrement le deuil.
La chaîne brisée
Contrairement à la chaîne qui représente la vie, une chaîne qui est brisée ou qui détient un maillon cassé renvoie à la mort. Elle illustre la ligne de vie qui est rompue. La chaîne est également utilisée pour édifier une clôture autour de la tombe, afin de délimiter l’espace privé et sacré de la sépulture, de l’espace public et laïc que représente le cimetière.
Le calice et l’hostie
Éléments du culte catholique, le calice et l’hostie sont très souvent représentés sur les sépultures d’ecclésiastiques. Le calice est une coupe utilisée dans la célébration eucharistique pour boire le vin. L’hostie est un pain sans levain qui est consacré. L’hostie et le calice rappellent ainsi la Cène, dernier repas du Christ avec ses apôtres.
Les mains unies
Ce symbole des deux mains qui se rejoignent représente l'amour entre deux personnes, qu'il soit filial ou marital. Il renvoie aussi à la fraternité, la solidarité et l'entraide. Les mains unies peuvent ainsi se retrouver sur des sépultures de personnes ayant œuvré dans l'action sociale et solidaire.
Le voile
Lors de funérailles, recouvrir sa tête d'un voile est un rituel ancien, afin de garder pour soi le chagrin qui se lit sur le visage. On retrouve des sculptures de visages endeuillés recouverts d'un voile sur des tombeaux ou des chapelles, où elles prennent place en tant qu'acrotères ou consoles (ornements architecturaux)