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Cimetière du Nord

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Jean LEPERDIT

 - collection Musée de Bretagne

1752-1823

Maire de Rennes (1794-1795)

Admirable dès le dôme d'entrée, au coeur de la plus ancienne section du cimetière du Nord, s'élève une sépulture néoclassique : faite d'une colonne de granit rose d'environ 2 mètres soutenant un vase Médicis, elle a été édifiée pour Jean Leperdit. Cette personnalité locale, moins connue pour son histoire que pour un événement révolutionnaire auquel elle est associée, reste encore aujourd'hui l'un des maires de Rennes les plus appréciés, représentant une Révolution française modérée.

Jean Leperdit est une des personnalités rennaises à avoir été honorée par une statue à son effigie en place publique de la ville : le 22 septembre 1892, lors d'une grande fête pour le centenaire de la naissance de la république, fut en effet inaugurée une statue de ce maire sur la Place du Champ Jacquet, à la place d'une ancienne fontaine. Réalisée par Emmanuel Dolivet, cette sculpture fut récupérée en 1941 pour son bronze, seule la tête sera sauvée. Elle sera remise sur son socle le 12 décembre 1994, grâce à une nouvelle fonte réalisée à partir d'un moulage retrouvé chez un antiquaire en 1985.  

 

 

        

Collection Musée de Bretagne                                                       Wikimédia commons

Pour comprendre l'importance de ce maire, revenons aux lendemains de la prise de la Bastille. Rennes est une ville qui s'implique beaucoup pour fonder un nouveau régime et en finir avec les privilèges. Mais les dérives violentes de la Révolution, les difficultés économiques et la dureté envers un clergé ayant encore une profonde influence sur la population, poussent les rennais à la modération. Alors, Jean-Baptiste Carrier, un représentant de la République, tristement célèbre pour son action durant cette période dite La Terreur, est envoyé à Rennes le 1er septembre 1793. Il écrit : " J'ai trouvé tout dans la désorganisation et en contre-révolution ". Pour remettre de l'ordre dans la ville, il organise le 12 septembre un comité de surveillance, chargé d'identifier les ennemis de la Révolution. Le 20 septembre il nomme une nouvelle municipalité montagnarde acquise au Gouvernement. De nombreuses exécutions ont lieu ; la guillotine située place de l'Egalite (place du Parlement) fonctionne presque tous les jours. Les condamnés sont ceux qui sont des suspectés de fédéralisme, des Vendéens, des paysans insurgés et surtout des prêtres réfractaires.

Jean Leperdit, né à Noyal-Pontivy en 1752 et installé à Rennes depuis 1780, est maitre-tailleur et tient sa boutique à l'Angle de la Place Sainte-Anne et de la rue d'Échange. Depuis 1792, il est l'un des 32 notables élus pour gérer la commune aux côtés des officiers municipaux. Il participe ensuite au comité de surveillance instauré par Carrier. Pourtant, Leperdit ne partageait pas la radicalité de ce chef violent. Lors d'un évènement sans-doute quelque peu romancé au fil des siècles, on dit que Leperdit se serait opposé à Carrier, en déchirant une liste de condamnés à mort. Car bien que fervent révolutionnaire et anticlérical, l'homme déclara que ces individus étaient peut-être " hors-la-loi ", mais pas " hors-l' humanité ".

Cette opposition à la Terreur réduira l'influence de Jean-Baptiste Carrier à Rennes et apporta la reconnaissance de la population envers Jean Leperdit. Celui-ci fut d'ailleurs nommé maire de Rennes le 21 février 1794. Il utilisera son court mandat (il sera maire jusqu'octobre 1795) pour modérer les émeutes et la violence dans la cité. Leperdit continuera par la suite de s'impliquer dans la politique de la ville, et décèdera à l'âge de 73 ans, en portant secours à des personnes lors d'un incendie dans des bâtiments communaux.

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